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Origine et Histoire de l’acupuncture

Depuis l’origine des temps et sous toutes les latitudes, l’homme a essayé de combattre, par des moyens divers, les différents troubles pouvant survenir dans sa santé. Ces moyens qu’on a coutume d’englober de nos jours sous le terme de “Thérapeutique” sont multiples et peuvent présenter des similitudes malgré la multiplicité des lieux et des temps considérés.

Le plus courant, dont l’origine doit remonter à l’usage des “simples”, utilise des substances diverses que l’on nomme “médicaments”. Comme les médecins égyptiens, puis grecs de l’Antiquité, les médecins arabes du Moyen-Age ou les médecins occidentaux actuels, la médecine extrême-orientale employait des médicaments. La Chine a toujours connu un nombre considérable de “remèdes”. On a même pu dire que dans le Céleste’ Empire tout, depuis le règne minéral, le règne végétal, jusqu’à ce qui “vole, nage, rampe, marche et respire”, y a été essayé dans un but thérapeutique.

A côté des médicaments et peut-être avant eux, les hommes ont utilisé, dans certaines circonstances, des moyens physiques. Ainsi dans le cas de foulures, d’entorses, on pratiquait des techniques de mouvements, tels des massages ou des manipulations. L’Extrême-Orient n’a fait sans doute que précéder, sans en avoir le monopole, le reste de l’humanité dans l’usage de ce qui constitue une partie de la médecine physique.

Par contre, la. Chine a été la seule à découvrir et employer depuis des temps immémoriaux, et encore couramment de nos jours, un autre procédé de traitement, uniquement physique, pour soulager les malades dans certaines circonstances. Ce moyen physique entièrement original, consiste à exciter, dans un but thérapeutique, certaines parties punctiformes bien définies du revêtement cutané du corps humain. Ce mode de traitement prit une grande extension dans le Céleste Empire, pour devenir par la suite une partie importante de la médecine chinoise.

Cette méthode thérapeutique est connue en Europe sous le nom d’Acupuncture ; nom forgé par les Jésuites missionnaires du XVIè et du XVIIè siècles qui la firent connaître en Occident. Elle n’a jamais été abandonnée depuis la préhistoire jusqu’à nos jours où elle constitue encore une partie importante de la médecine pratiquée en République Populaire de Chine. C’est sans doute la seule méthode thérapeutique qui puisse prétendre à plus de 5 000 ans de pratique ininterrompue.

Du temps de l’âge de pierre, les couteaux de pierre et d’autres instruments pointus en pierre furent inventés en raison des besoins du travail productif ; et ils étaient aussi utilisés pour supprimer certaines souffrances du corps humain et appelés par les anciens “bian”. Selon le Shuo Wen Jie Zi (Dictionnaire des Caractères) rédigé sous le règne de la dynastie des Han (206 av J.C. 220 ap. J.C.), “bian” signifie “soigner une maladie en piquant avec un poinçon de pierre”. Telle était l’acupuncture aux premiers temps de son développement.

La découverte du feu créa des conditions nécessaires pour la pratique de la moxibustion.

A mesure que se développait sans cesse la production, le poinçon de pierre “bian” fut remplacé par des aiguilles d’os et de bambou.

Sous la dynastie des Yin et Chang (XVIè-XIè siècle avant J.C.), le développement de la métallurgie rendit possible la fabrication des aiguilles métalliques. L’utilisation des aiguilles en métaux fut d’une haute portée dans le développement de la thérapeutique acupuncturale. Les phénomènes de conduction produits par la piqûre des points sur Ile corps humain menaient graduellement à la découverte du système des Méridiens (KINH-LO). Par une longue pratique, l’acupuncture et la moxibustion parvinrent à devenir deux importants procédés thérapeutiques.

Le premier document écrit concernant l’acupuncture qui nous soit parvenu, est un ouvrage nommé le “NOI-KINH”. Des légendes le font remonter à 2 800 ans avant J.C. Cela semble peu probable, car les premiers caractères médicaux ne sont apparus, d’après le Professeur HUARD, qu’au XlIIè siècle avant J.C. C’est certainement l’ouvrage le plus ancien et le plus connu concernant la médecine des aiguilles. La première trace historique du ”NOI-KINH” se trouve sous la dynastie des HAN en 206 avant J.C. A cette époque, ce traité d’acupuncture aurait été publié pour la première fois ou, plus vraisemblablement, réécrit par un groupe d’acupuncteurs à la suite de la destruction de tous les ouvrages écrits par ordre impérial en 213 avant J.C. Il fait déjà mention de l’existence des points cutanés et des méridiens, connaissances qui ne seront jamais discutées, ni remises en question au cours des siècles et toujours reconnues exactes, même actuellement par les médecins orientaux. Par la suite jusqu’àà nos jours, certainement avec des mutilations et des adjonctions, le “NOI-KINH” a été constamment réédité, ce qui ne contredit pas ce que nous savons sur le respect des Chinois pour le passé.

Ce “Nei-King” nous est parvenu en partie par des écrits de missionnaires, mais surtout il a été traduit dans son essentiel par S0ULIE DE MORANT, puis par CHAMFRAULT, qui sont des acupuncteurs. Il a été aussi traduit par une Américaine uniquement historiographe, Ilza VEITZ, dont la version recoupe exactement les précédentes.

Depuis l’antiquité et certainement depuis 2 000 ans, puisque l’on possède des schémas et des planches descriptives datant de cette époque, les localisations des points et les trajets des méridiens n’ont pratiquement jamais changé.

Le “NOI-KINH” fit le bilan des connaissances médicales datant d’avant les dynasties des Tsin et des Han. Nombre de pages dans le livre traitent de l’acupuncture et discutent la physiologie et la pathologie des méridiens, les points d’acupuncture ainsi que les cas de contre-indication pour l’acupuncture. Neuf sortes d’aiguilles employées pour des buts curatifs différents y sont aussi mentionnées. L’existence de ces aiguilles (y compris des aiguilles en or et en argent) fut confirmée par les vestiges historiques de la dynastie des Han, mis au jour pendant la Révolution culturelle. Dans le chapitre intitulé “KOU WEN PIAN” du livre LING SHU (le Centre de la spiritualité), il est dit que : “Les oreilles sont les endroits au se réunissent les méridiens” ce qui a, croit-on, une relation étroite avec l’invention de l’auriculothérapie moderne. D’après le SHI JI, (Note sur l’histoire), BIEN THUOC, médecin renommé de ce temps, sauva la vie à un patient en état de choc en lui appliquant l’acupuncture et la moxibustion combinées avec d’autres modes thérapeutiques.

Le NAN KINH (Le Classique traitant de problèmes difficiles) écrit par BIEN THUOC discute aussi les points d’acupuncture, la physiologie et la pathologie des huit méridiens extraordinaires, complétant ainsi le NOI KINH., Hua Tuo,( HOA DA)  chirurgien éminent de la dynastie des Han, fut également versé dans l’acupuncture et la moxibustion. Afin de corriger les erreurs causées par les différentes tailles des patients dans la mesure et la localisation des points, on choisissait pendant cette période, la largeur d’une certaine partie du corps du patient (par exemple celle de la première phalange du pouce) comme l’unité de mesure appelée par la suite « cun » ( Thôn en vietnamien)

De la dynastie des Tsin de l’Est et de l’Ouest à la dynastie du Sud et du Nord (265-589), l’acupuncture et la moxibustion se développèrent rapidement. D’abord, un ouvrage spécial concernant l’acupuncture et la moxibustion ZHEN JIU JIA JING (introduction à l’Acupuncture et aux Moxas), fit son apparition. L’ouvrage indique avec précision les noms des points de chaque méridien, leur emplacement et leur nombre et traite des indications de chaque point et de la manipulation des aiguilles, résumant une fois de plus les connaissances d’acupuncture et de moxibustion. De plus, des schémas des points et des méridiens se mirent à être dessinés et même imprimés en couleurs, ce qui contribua à promouvoir le développement de l’acupuncture et de la moxibustion. Dans le ZHOU HOU BEI JI PANG (Prescriptions pour les cas d’urgence’),  ouvrage célèbre écrit par KEH HONG, médecin renommé de la dynastie des Tsin, une “méthode thérapeutique par cornes” fut mentionnée. Telle était d’après des recherches, la forme originale de la méthode de traitement par ventouses que l’on employa par la suite. D’après cet ouvrage, il est clair que l’acupuncture et la moxibustion étaient largement pratiquées dans le traitement de différentes affections.

Sous la dynastie des Tang (618-907), l’acupuncture et la moxibustion continuèrent à se développer d’un pas ferme.  Souen Se-miao, médecin réputé de ce temps, accordait une grande attention à l’acupuncture. Il mit en évidence les points Ashi. Ce sont des endroits douloureux à la pression du doigt que l’on pouvait prendre comme points d’acupuncture en dehors des points appartenant aux méridiens classiques, comme l’avait indiqué le NOI KINH : “les endroits douloureux sont des points à piquer”.

L’une des réalisations accomplies par la dynastie des Tang dans l’acupuncture et la moxibustion fut l’institution d’une section spéciale d’acupuncture et de moxibustion au Collège impérial de médecine, la plus ancienne école médicale de Chine. Dans ce collège,  l’acupuncture et la moxibustion constituaient des cours obligatoires pour les .élèves, donnés par des professeurs ayant grade spécial à ce sujet. Tout cela a joué un rôle important dans le développement de l’acupuncture et de la moxibustion.

Durant les dynasties des Song, Kin, et Yuan (960-1368), l’épanouissement de l’acupuncture et de la moxibustion prit un grand essor. Le Tong Ren Shu Xue Zhen Jiu Tu Jing (Manuel illustré des points d’acupuncture et de moxas tels qu’on les trouve sur la statuette de bronze), composé par Wang Wei-Yi, étudie et vérifie en détail les points d’acupuncture, au nombre de 657, existant sur tout le corps humain, et permet ainsi à l’époque de liquider la confusion demeurant avant les Song sur certains points.

D’ailleurs sous la direction de Wang Wei-Yi furent coulées deux statues creuses de bronze grandeur nature sur lesquelles étaient marqués les trajets des méridiens et les emplacements des points. Ces statues étaient destinées à l’enseignement et aux examens. Cette méthode visuelle d’enseignement a joué un rôle important dans la vulgarisation de l’acupuncture et de la moxibustion. Un autre ouvrage d’acupuncture de cette époque était le Shi Si Jing Fa Hui (Développement des quatorze méridiens), écrit par Houa Cheou.

L’ouvrage traite spécialement des méridiens, et il est d’une grande signification pour le développement de la théorie des méridiens.

Durant cette période, les connaissances de la théorie des méridiens étaient déjà employées dans le domaine de la pharmacologie. D’après la médecine traditionnelle chinoise, les méridiens sont les voies importantes par lesquelles s’établissent les rapports entre la surface du corps et les organes internes, aussi fallait-il prendre en considération les Jing Luo qui relient les viscères lors du traitement des maladies au moyen des médicaments traditionnels. La combinaison des connaissances des méridiens avec la pharmacologie revêtit une certaine signification dans le développement de la médecine traditionnelle chinoise.

La période des Song, Kin et Yuan peut être considérée comme la période la plus florissante de l’acupuncture et de la moxibustion dans la Chine antique.

Pendant la dynastie des Ming (1368-1644), le médecin Yang Ki-Tcheou, résumant une fois de plus les connaissances d’acupuncture antiques, composa le Zhen Jiu Da Cheng (Compendium de l’acupuncture et de la moxibustion), livre dans lequel de riches expériences cliniques sont mentionnées et certaines parties des ouvrages classiques d’acupuncture annotées. Par ailleurs, les médecins des Ming firent couler trois statuettes en bronze, apportant aussi une contribution considérable au développement de l’acupuncture et de la moxibustion.

Contrairement à ce qu’on pense généralement en Occident, cette partie essentielle de la médecine chinoise, qui constitue encore de nos jours la base de la thérapeutique officielle de la République Populaire de Chine, a déjà été mentionnée en Europe il y a plusieurs siècles par des missionnaires.

* L’origine de l’acupuncture se perd dans la nuit des temps. L’acupuncture est aussi vieille que la civilisation chinoise; elle en est une partie constituante, essentielle, incontournable.

L’art de guérir en piquant certains points du corps s’est transmis de génération en génération à travers les siècles; et il s’est évidemment perfectionné.

* L’histoire de l’acupuncture est multilinéaire.

Au début, à l’âge de pierre, on utilisa des poinçons de pierre. On piquait, à l’aide de ce poinçon,  l’endroit où on avait mal, et cela parfois réussissait. Ce n’est qu’au bout de quelques siècles probablement, quelques siècles d’expériences et d’observations, qu’on commença d’affiner cette technique rudimentaire. Et, mais on ne sait à quelle époque précisément, on remplaça les poinçons de pierre par des aiguilles d’os d’animaux, et d’éclats de bambou, ni à quelle époque précise on localisa correctement les points des méridiens.

Retenons ensuite quelques moments clefs:

-A une époque encore lointaine, apparaît le très célèbre «LIVRE DES MUTATIONS» (ou «Livre des Transformations»), le «Hi Hing», qui étudie les cycles de la nature, et qui découvre que tout est double dans la nature. Pour le Orientaux, l’être humain fait partie de la nature; il est donc traversé d’énergies doubles. LA MALADIE, POUR LES CHINOIS, EST UNE RUPTURE DE L’HARMONIE QUI LIE L’INDIVIDU, HOMME OU FEMME, A LA NATURE. L’obésité, la dysharmonie de la silhouette, ne sont-elles pas une rupture? une déformation de ce qui est naturel? Etre bien dans sa peau, n’est-ce pas être bien dans sa nature?

Mais poursuivons notre enquête historique.

-En 5000 ans avant Jésus-Christ la pharmacopée chinoise se codifie. Et 1500 ans environ avant J.C, les Chinois connaissent déjà la circulation sanguine.

-Au XVe siècle avant J C, on découvre la métallurgie. Conséquence immédiate: la fabrication des aiguilles métalliques fait son apparition.

-De Chine, l’acupuncture s’introduit ensuite:

au Viet-Nam (IIè s. av. J.C.), en Corée (IVè s. de notre ère), au Japon (VIè s.)

-Au Vè siècle de notre ère, un texte indique avec précision les emplacements des points et le trace des méridiens.

L’acupuncture au Viet-Nam.

Sans aucun parti-pris, on doit, si on veut être complet, faire une place à part au Viet-Nam. Et relever que:

-Aussitôt introduite au Viet-Nam, l’acupuncture devient une science fort prisée de toutes les couches de la population: féodaux, marchands et paysans. Dès le IIè s. av. J.C. , d’ailleurs, Thoi-Vy, un médecin célèbre, enrichit par ses découvertes l’acupuncture traditionnelle. Et sous la dynastie des Ly (1009-1224), un assez extraordinaire manuel, «le Précis d’acupuncture» de Ly-Ngoc Suong, devient un classique du genre et attire l’attention des Chinois.

-Sous la dynastie des Tran (1225-1388), un médecin acupuncteur, Trau-Canh, sauve la vie du prince héritier Hao, qui sera ultérieurement l’empereur Tran Du Tong. De ce fait, l’acupuncture qui était déjà populaire devient officiellement  science nationale.

-De 1229 à 1231, l’illustre Tran-Bat Ngoan a l’insigne honneur d’être invité en Chine pour enseigner l’acupuncture dans trois provinces et dans la capitale chinoises. La science viet-namienne est reconnue pour sa vitalité et pour son inventivité. Elle fait progresser la connaissance traditionnelle.

Arrêtons là. Mais pour donner une idée de la richesse de l’acupuncture viet-namienne, citons les «Poèmes sur l’acupuncture» de Ngyen-Dai Nang, le «Mémento rose de la médecine» de Tue-Tinh, le «Manuel des recettes miracle de la médecine vietnamienne» qui innove du point de vue des méthodes, le «Précis pour la conversation de la santé des enfants»,  le «Schéma des points d’énergie sur le corps humain», etc. Signalons que ces trois derniers livres connurent un sort curieux: les originaux furent emportés en Chine par l’armée chinoise d’invasion tandis que tous les autres exemplaires furent détruits, sur ordre de la cour de Chine.

Au XVIIIè siècle, le Viet-Nam publie une «Encyclopédie de la médecine» en 60 volumes! Est-ce une influence directe du Siècle des Lumières, du siècle des philosophes qui s’étend en Europe et qui voit naître l’Encylopédie de Diderot, Rousseau, Voltaire? L’acupuncture, en tout cas, y est décrite avec moult éloges.

Signalons, pour finir sur l’histoire, la publication au XXè s. du «Précis de Médecine pratique» de Vu-Binh Pho où l’acupuncuture apparaît comme médecine de l’avenir..

Introduction de l’acupuncture en Occident

Dès la fin du XVIIS siècle, en 1671, HARVIEU publiait à Grenoble : “Les secrets de la médecine des Chinois consistant en la parfaite connaissance du pouls, envoyés de la Chine par un Français, homme de grand mérite” Quelques années plus tard en 1682, A. CLEVER publia à Francfort l’ouvrage du missionnaire jésuite polonais Michel BOYM “Spécimen médicinale, sive opuscula medica ad mentem sinensium”. Puis, en 1683, le chirurgien hollandais Then RHYNE édita à Londres le traitement de la goutte par les aiguilles : “Dissertatio-de Artritide Mantifa Sohematica de Acupunctura”.

Par la suite, sans semble-t-il que l’acupuncture ait été pratiquée couramment en Europe comme moyen thérapeutique, d’autres documents furent publiés à des dates assez rapprochées, concernant non seulement la médecine des aiguilles, mais son moyen de diagnostic par la palpation des pouls. Ainsi Du HALDE en 1735, dans sa “Description géographique de l’Empire Chinois”, mentionne les différents pouls, les différents méridiens et même leur couplage.

Il faut arriver à l’époque de CLOQUET, Professeur à la Faculté de Médecine de Paris, et en partie grâce à lui, pour voir se répandre en France la pratique effective et contrôlable de l’acupuncture.

En effet CLOQUET pratique dans son service de l’Hôpital Saint-Louis cette méthode qui lui semble aussi originale qu’efficace, et publie en 1826 un traité d’Acupuncture. A la suite de CLOQUET, l’acupuncture provoque alors un véritable engouement et connaît une diffusion considérable. Elle est pratiquée d’une manière souvent fruste et parfois inadéquate, non seulement en France, mais aussi en Angleterre, en Allemagne, en Autriche, en Italie, en Russie et même en Amérique. De nombreux articles relatant des expériences cliniques sont publiés par ‘la presse médicale de très nombreux pays

Mais, petit à petit, la pratique de l’acupuncture fut abandonnée en Europe. Car de nombreux praticiens avaient voulu l’utiliser sans bien la connaître ; ce qui aboutit à des échecs thérapeutiques et aussi parce qu’aucune base rationnelle de son existence ne put être trouvée. C’est du reste ce besoin de mettre en évidence une base objective à l’acupuncture qui, dès nos premiers contacts avec la médecine chinoise, nous conduisit à chercher, puis à établir, une première mise en évidence scientifique et objective de l’existence des points cutanés.

En 1863 devait paraître l’ouvrage de DABRY : “La Médecine chez les Chinois”. Ce livre fut écrit et publié sur la demande du Professeur SOUBEYRAN qui en signa la préface. Mais cet ouvrage arriva trop tard, après que la pratique de l’acupuncture ait été presque unanimement abandonnée. Comme de plus DABRY ne forma pas d’élèves, son étude passa inaperçue et ne relança pas cette thérapeutique.

C’est à SOULIE DE MORANT que revient le mérite d’avoir à nouveau attiré l’attention du public médical en France sur la médecine par les aiguilles et d’avoir divulgué une acupuncture véritablement raisonnée. SOULIE DE MORANT, homme d’une vaste intelligence et très observateur, put, grâce à sa connaissance de la langue, apprendre l’acupuncture en Chine même, où il remplit longtemps une mission diplomatique, avec des médecins du pays. Il ne tarda pas à y exceller, car à côté de la pratique journalière que ceux-ci lui enseignaient, il avait pu rassembler, lire et traduire les principaux ouvrages de la haute époque de la médecine des aiguilles. De retour en France, dans ses ouvrages et traductions, il divulgua cet art médical. Grâce à SOULIE DE MORANT, l’acupuncture a pris maintenant solidement racine en France qui est devenue son deuxième berceau. Elle a ensuite essaimé dans toute l’Europe.

Actuellement dans tous les pays occidentaux, il existe des médecins qui pratiquent l’acupuncture. Cependant ce n’est qu’en Union Soviétique, depuis l’ordre ministériel de la Santé d’U.R.S.S. du 10 mars 1959, que l’enseignement de l’acupuncture a été introduit dans les Facultés de Médecine.

En France même, les médecins acupuncteurs ne sont, comme tous les spécialistes, qu’une minorité vis-à-vis de l’ensemble du corps médical, mais leur nombre qui augmente chaque année, en fait maintenant une minorité représentative. A tel point que l’acupuncture figure à la nomenclature de la Sécurité Sociale.

Il faut que cette technique médicale ait des vertus particulières pour avoir survécu à 5 000 ans d’histoire et de pratique ininterrompue.

Et qu’en Europe même, malgré les sarcasmes de médecins non informés et aussi l’incompétence de certains pratiquants, elle se répande avec une grande rapidité. Cela prouve que, malgré les progrès de la médecine occidentale, elle conserve de nos jours une place dans notre thérapeutique, en raison de son efficacité et de son innocuité.

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